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La place de la femme dans le couple d’artistes

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L’histoire de l’art est ponctuée de grandes passions entre artistes. Mais la réalité est que jusqu’à des temps récents, les femmes ont été le plus souvent reléguées à la seconde place dans les couples.

 

Un monde de l’art machiste

 

Alors que le XVIIIe siècle reconnait le talent des femmes artistes, pourtant encore en minorité à cette époque, le XIXe siècle s’enfonce dans un monde de l’art machiste. Le travail artistique de l’homme est indéniablement davantage reconnu, que celui de la femme, et ce constat se vérifie jusque dans la première moitié du XXe siècle, voir même au-delà. Ce constat n’est pas exempt au sein des couples d’artistes. Prenons quelques exemples parmi les plus illustres qui étayent ces généralités.

 

Les artistes Robert (1885-1941) et Sonia Delaunay (1885-1979) expérimentent en binôme de nouvelles formes d’art : l’orphisme et le simultanéisme. Couple fusionnel, Robert connaitra pourtant un grand succès très rapidement alors que le travail de Sonia sera plébiscité beaucoup plus tard.

 

Le sculpteur suisse Jean Tinguely (1925-1991) et Niki De Saint Phalle (1930-2002) se rencontrent en 1956. Ils produisent leurs premières œuvres communes dans les années 1960. Un travail de collaboration s’installe entre les deux artistes, mais c’est Jean qui connaît le succès, alors que Niki est considérée comme une artiste de « second plan ». Il a fallu attendre bien des années pour que le travail de Niki soit admis dans le monde de l’art et qu’elle soit reconnue en tant qu’artiste à part entière.

 

 

 

Rivalités hommes/femmes artistes

 

Il existe de nombreux témoignages où à l’origine des admirations réciproques entre artistes sont devenues des rivalités destructives.

 

Pablo Picasso (1881 – 1973) demande à sa compagne photographe Dora Maar (1907 – 19997) d’abandonner la photographie, un domaine dans lequel elle excelle. Elle s’investit alors pleinement pour la carrière de Picasso, devenant sa muse, son modèle pendant 9 ans. Délaissée par l’artiste en 1945, elle sombre dans une profonde dépression et se retire du monde. Sortie de la tutelle de Picasso, Son Œuvre est aujourd’hui redécouverte.

 

À la fin de l’année 1915, Sophie Taeuber (1889 – 1943) rencontre le peintre, sculpteur et poète allemand Jean Arp (1886 – 1966). Commence dès lors une connivence artistique. Mais la carrière de Sophie Taeuber-Arp a nettement souffert de la concurrence de son mari. Il semble qu’il se soit approprié des techniques de son épouse les revendiquant à son propre compte.

 

 

 

Vers le chemin de l’émancipation de la femme artiste dans le couple

 

Longtemps effacées du monde de l’art ou se sont elles-mêmes effacées, les femmes artistes sont aujourd’hui redécouvertes pour la plupart. De grandes rétrospectives leur sont consacrées comme au Centre Pompidou. Face à la reconnaissance du travail artistique des femmes de plus en plus présentes sur les cimaises des expositions, les tendances machistes s’estompent aussi bien dans les couples que dans le monde de l’art.

Deux autres facteurs ont permis à la femme de s’émanciper de son mari artiste, sont indéniablement l’indépendance financière entre époux promulgués par la loi du 13 juillet 1965, et l’ouverture des grandes Ecoles d’art à la gente féminine.

 

 

Solidarité

 

Malgorzata Paszko, artiste peintre d’origine polonaise, mariée au sculpteur Axel Cassel (décédé en 2015), a été interrogée pour la Woman Mag. Elle s’exprime ainsi :

 

 

 

Comme dans la vie de chaque couple, il y a des hauts et des bas. Mais notre travail, pourtant bien différent, nous rapprochait. Certaines difficultés pouvaient venir effectivement de nos métiers d’artiste, mais aucunement par rapport au succès ou à la reconnaissance de l’un ou de l’autre.  Au contraire, on se « servait » d’une visite d’un critique d’art ou d’un galeriste pour montrer un deuxième atelier et souvent nous exposions dans les mêmes endroits. Sans être complémentaires, nous connaissions assez bien le travail de l’autre pour nous aider, rétrospectivement, dans nos hésitations et nos doutes. C’était réellement un grand plus. La difficulté venait parfois au moment des grandes crises, là où un découragement que chaque artiste connait menait aux doutes trop douloureux, aux angoisses des pages blanches.  Le partenaire n’était alors pas épargné par le mal-être du conjoint le temps de la durée de cette crise.

 

 

Crédit photo : @Axel Cassel

 

 

Épanouie dans sa vie d’artiste, Malgorzata Paszko a partagé, dans sa belle propriété normande, une dépendance, avec son mari Axel Cassel. Malgorzata installée au premier étage et Axel occupant le rez-de-chaussée, ils ont travaillé côte à côte dans de grands espaces aux surfaces similaires. Aujourd’hui Malgorzata continue de faire vivre les sculptures de son époux à travers des expositions qui lui sont consacrées.

 

 

Et complémentarité

 

Le couple d’artistes Gianpaolo Pagni et Chloé Poizat a travaillé en symbiose à quatre mains, sublimant réciproquement leurs œuvres. Ils vivent ensemble depuis plus de vingt ans et partagent le même atelier depuis près de dix ans. En août 2011, ils décident d’entreprendre un travail commun sur une même feuille de papier. Chloé travaille au stylo-encres et Gianpaolo aux tampons. Ils expliquent leur collaboration ainsi : nos pièces montées, c’est jouer avec le dessin de l’autre, le métamorphoser, se l’approprier, se défier, accepter de ne pas terminer son dessin, qu’il change de direction, qu’il soit sauvage. Ainsi dans l’œuvre « Nos pièces montées » de 2011, Chloé enrichit à l’encre les productions au tampon de Gianpaolo. Le couple continuera l’expérience dans la création de nouvelles œuvres comme un livre d’artiste.

 

 

Parmi d’autres couples célèbres d’artistes contemporains à citer, Hervé Plumet et Françoise Pétrovitch ont une pratique artistique complémentaire. Hervé photographie les sculptures de Françoise pour les sublimer dans des espaces inattendus ou encore, il filme ses dessins de poupées pour les mettre en scène. Cette complémentarité ne souffre aucunement de rivalité dans leur travail. Bien au contraire, le mélange de médias apporte aux œuvres une autre dimension artistique.

 

 

Le combat des femmes artistes est long, mais les exemples de Malgorzata Paszko, de Chloé Poizat ou de Françoise Pétrovitch prouvent qu’elles réussissent à trouver leur place auprès de leur compagnon lui-même artiste. Même mieux, elles font de leur compagnon un partenaire précieux. Le monde de l’art contemporain, en profonde mutation, chemine vers l’idéologie d’une égalité homme/femme. Encore loin d’être achevée, l’égalité triomphe toutefois, dans certains milieux, les plus ouverts des sphères apparentant à des institutions muséales, des artistes ou des collectionneurs et mécènes.

 

 

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