Elle s’amuse sur la piste, innocente victime,
Ses cheveux souples accrochant les couleurs des spots excités, au fil des mouvements de ses hanches abandonnées, ignorante de la faune compressée aux pensées affolantes,
Les odeurs se mélangent et l’animal endolori s’éveille, dans l’insouciance de la danse domestique qui se croit tribale, le Chaman hélas est absent alors que Tous se croient magiques et puissants,
Méconnaître l’appel de la grande Loi, le respect du vivant vous fait courir à l’aveugle sous ces flashs agressants les neurones, la Connexion au grand tout est rompu, le cœur a disparu,
Absence d’essentiel dans cette salle souterraine étouffée, une ridicule fuite des sens pour travestir l’idée du bonheur, remplacée par l’obsession d’une compensation déprimante au retour du jour, rien n’ayant satisfait le serviteur,
Elle s’essouffle, la Petite, espérant larguer sa pesanteur, les traces de sa sueur sur le bas de ses reins allument les regards chasseurs, la proie est repérée, cible accrochée, personne ne doute de ce qui se trame, cela n’arrive qu’ailleurs et ça sera, quoi qu’il en soit, à cause des autres,
Pour certains, la mère défaillante, l’école indolente, la blessure intolérable, la maladie psychologique, pour d’autres, le destin, le retour de bâton, la faute à pas de chance, l’enfer sur Terre, privée de père,
Il suffira au dominant de papier de patienter, se croyant d’office maître, pour enlever la femelle épuisée, incapable de se défendre, interloquée, dans cette légende sans beau destrier blanc, une fable bas de gamme, ici, l’arrière d’un fourgon rouillé fera l’affaire,
Quand la Belle réalisera le dessein de son violeur, permettez-moi d’oser ce mot puisqu’aucun autre n’est assez juste, il sera déjà trop tard, le droit sur son propre corps lui sera arraché, aussi brutalement que ses vêtements, le temps s’arrêtera de compter, et commencera la litanie des « Si seulement Si », un chant lugubre sous la Lune ensevelie,
A toi qui lit ceci, saches que des Si à l’infini ne changeront pas l’histoire, préfèrerais-tu y croire pour rendre plus facile, le pour quoi révulse quel que soit la réponse, en amont, en aval, depuis le bien, le mal, la règle est transgressée, définitif, et la Princesse maudit les Rois qui font des Princes de pacotille…
L’horloge tournera sur les meurtrissures de chair et d’esprit, l’âme poursuivra son chemin, habitée ou désertée par l’incarnée, selon sa guérison profonde ou sa mort lente, et si tu ne détournes pas ton regard, si tu es bien là, toi, alors, tu sauras…
Et parce que tu l’accueilleras au-delà de son récit, dont elle te fera le cadeau, les souvenirs enfouis pourront enfin s’étioler, tomber en Terre, fleurir en un tapis de soucis solaires réparateurs, son aura, de nouveau, respirera, libérant l’apnée du choc, elle pleurera longtemps dans tes bras, et renaîtra.
Merci.