Depuis la nuit des temps, les menstruations sont considérées comme un phénomène honteux ! Déjà, aux temps bibliques, les femmes du peuple Hébreux, traversant le désert, devaient demeurer au même endroit toute la durée de leurs règles. Plus tard, pendant la semaine qui suit les règles, comme après l’accouchement, les femmes, toujours considérées impures, ne peuvent se rendre à la synagogue ni au Temple. Ancrées dans les mentalités de toutes les cultures confondues, les règles sont encore aujourd’hui le sujet à éviter !
La Woman Mag a choisi de se pencher sur ce problème sociétal en partageant quelques pistes de réflexion.
Les Anglais débarquent », « j’ai mes ragnagnas » ou encore « je suis indisposée » sont les expressions les plus couramment utilisées pour ne pas prononcer le mot « règles ». Une enquête américaine, menée en 2018, indique que 58 % des personnes interrogées se sentent honteuses lors de leurs menstruations. Françoise Girard, présidente de la Coalition Internationale pour la Santé des Femmes, explique ce phénomène : « En utilisant ces termes, on intériorise la honte, cela suppose que c’est quelque chose de mauvais, quelque chose dont on devrait avoir honte. La société vous dit que les règles sont quelque chose que les femmes devraient cacher ». Avoir ses règles est perçu comme une chose honteuse ; ce n’est finalement pas très loin de l’histoire des femmes hébreuses. Cette gêne peut s’étendre dans toutes les sphères de la vie comme aller acheter des protections hygiéniques au magasin ou dévoiler sa période de menstruation à son partenaire. Pourtant, les règles sont naturelles et les assumer pleinement, changent radicalement le quotidien.
Et puis, ce tabou n’est pas sans conséquences sur la santé des femmes. Les règles douloureuses, appelées dysménorrhée, doivent être traitées. L’intensité de la douleur est variable. Elle peut aller d’une simple gêne, à des douleurs modérées ou plus intenses, occasionnant des crampes et des spasmes dans le bas du ventre. D’après le magazine TOP Santé, environ 75 % des femmes connaissent ce désagrément à un moment de leur vie. Mais voilà, beaucoup de femmes n’osent pas en parler à leur médecin. Elles vivent donc avec ses douleurs, pire, ce dérèglement peut être le signe de maladies gynécologiques comme l’endométriose qu’il faut diagnostiquer.
Il est difficile d’évoquer les règles sans mentionner le coût des protections hygiéniques. Grâce au collectif féministe Georgette Sand les protections périodiques sont reconnues comme des produits de première nécessité et bénéficient à ce titre d’un taux de TVA réduit ; soit 5,5 % au lieu de 20 %, depuis 2015. Aujourd’hui, ces collectifs revendiquent la gratuité des protections périodiques.
Le grand nombre d’associations et de collectifs luttant contre ce tabou malsain, prouve que ce phénomène est très présent et pesant. Tous les jours, le collectif CARE s’implique dans cette lutte en sensibilisant les femmes à cette problématique ou encore des journées mondiales consacrées à l’hygiène menstruelle sont décrétées les 28 mai. Si ces actions rappellent la triste réalité de ces persistances aux préjugés autour des règles, elles donnent aussi l’espoir d’un avenir sans tabou. Et puis, depuis ces dernières années, des ouvrages spécialisés, des films, des publications sur les réseaux sociaux et des chansons s’expriment sur les règles qui dé-diabolisent le sujet.