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Comment gérer ses émotions ?

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« Gérer ses émotions » est un sujet souvent traité dans la littérature psychologique. Cela vient sans- doute du fait que notre « émotionnalité » gouverne une bonne partie de notre vie, et ce, dans quasiment toutes les interactions humaines.

Avant toute chose, il faut faire la différence entre les émotions et les sentiments. L’émotion est innée, primitive, rapide, implique le corps (la fuite le crie…) et prend sa source dans le système limbique, le siège cérébral émotionnel. Les hormones y participent, comme par exemple, l’adrénaline pour l’émotion de la peur.

 

Tandis que le sentiment est en lien avec le lobe frontal et est donc issu d’une construction psychique ; le sentiment provient de l’interprétation (donc une construction) du cerveau face à un événement. On peut dire que le lobe évalue l’émotion en lien avec l’événement et choisie en fonction de la valeur accordée à ce dernier, de pérenniser dans la psyché cette émotion rendue moins forte en un sentiment. Ainsi, le sentiment bien qu’il est lui aussi subjectif, il fait appel à un raisonnement mental.

 

 

Gérer ses émotions implique de les réguler. Tandis qu’un sentiment, plus durable demande une réinterprétation de la situation. Bien entendu, une fois le sentiment installé, rien n’empêche si l’événement en question se renouvelle, de déclencher une autre émotion (identique ou différente). Mais c’est souvent, en ce qui concerne cette nouvelle réaction, le fruit d’un sentiment.

Par exemple : « J’ai peur des araignées, j’ai peur et je fuis devant la vue de cet insecte ».Si je ne réfléchis pas à cette peur, une fois l’araignée revenue, l’émotion se manifeste de nouveau. Si j’ai réfléchi à cette peur et que je trouve éventuellement ma réaction disproportionnée, j’aurais peut-être un sentiment de dégoût, mais je ne vais pas prendre la fuite, du fait de ma réflexion. L’on doit toutefois convenir que toute la communauté scientifique ne s’entend pas parfaitement quant à la catégorisation exacte des émotions et des sentiments, mais voici globalement ce sur quoi tout le monde semble d’accord. Il y a des émotions dites de bases : joie, tristesse, colère, peur, dégoût, surprise. Et des émotions dites secondaires, qui sont la combinaison des précédentes : la surprise, si mauvaise, est issue de la peur associée au dégoût.

 

Les sentiments sont très nombreux. Par exemple : de l’émotion de la tristesse découle le sentiment de nostalgie. De la joie découle la paix. De la colère, la haine. Du dégoût, le rejet. De la surprise, l’anxiété… Ce que l’on va lire sur un visage et/ou à travers une réaction corporelle ou encore la voix, c’est l’émotion. Il est difficile de la masquer sur un visage, car elle se manifeste par des expressions dites faciales, ou encore « micro-expressions faciales ». La série télévisée Lie to me tirée de la pratique de mon confrère le docteur Paul Ekman, en a fait le centre de ses histoires. D’ailleurs, ces techniques de lecture faciale sont de plus en plus utilisées dans le domaine du profiling, du management et du commerce…La psychologie comportementale est vraiment partout. Par contre, ce que l’on va lire à travers un discours, les mots employés, leur répétition et leur organisation dans une phrase, ce sont les sentiments. Bref, notre corps parle malgré nous et cela qu’on le veuille ou non.

 

 

Mais alors, à quoi sert-il d’influer sur nos émotions et nos sentiments ?

D’abord, le travail sur un sentiment implique une déconstruction du raisonnement de la pensée autour d’un sujet ; c’est par la confrontation des idées que l’on peut changer son sentiment qui est associé à la construction intellectuelle. Ainsi, on « intellectualise » les sentiments. C’est-à-dire que l’on met des mots, on s’explique, on se confronte à d’autres visions de la situation…C’est quelque chose qu’on arrive à faire plutôt facilement, moyennant une « remise en question ».

 

Travailler sur ses émotions est beaucoup plus complexe, car moins naturel. Et c’est assez logique : les émotions étant le témoin de notre « nature pulsionnelle », de notre part « animale » qui est en nous. Or, intellectualiser une émotion quand on est en train de la vivre est impossible ! Demandez à une personne complètement saoule d’avoir un raisonnement construit et vous auriez le même résultat…

 

Ainsi, contrairement à ce qu’on l’on pourrait penser, il ne sert strictement à rien de discuter quand il y a un enjeu émotionnel entre deux personnes. Entendu que cet enjeu est ce qui lie affectivement c’est deux personnes. Si ces personnes ne sont pas liées, c’est qu’elles ne parlent pas d’elles-mêmes ou d’une situation qui les concernent. Donc, ces personnes peuvent laisser passer les émotions et mettre des mots sur les sentiments, puisque le « feu de l’émotion » n’est pas attisé. Travailler sur ses émotions négatives et ses sentiments négatifs est en tout cas important. Il y a peu d’intérêts à travailler sur le positif, sauf si l’excès de positif chez nous crée…du négatif, surtout chez les autres.

 

Attardons-nous alors, à la première catégorie. Il faut comprendre que d’une part les émotions peuvent nous amener à dire ou faire des choses « disproportionnées » qui ne viendraient que rajouter de la souffrance à la souffrance.  Cela peut avoir des conséquences sur la vie affective et même juridique. D’autre part, si une émotion négative se pérennise, cela risque de créer un sentiment très désagréable. Ainsi, la haine ronge l’âme, tel un cancer psychique…Elle demande tellement d’énergie psychique et/ou physique dans la rumination, notamment d’un plan de vengeance, qu’il n’est franchement pas « psycho-économiquement » intéressant de l’entretenir.

 

 

Imaginez un conflit, donc par définition, émotionnellement « chargé ». Voici donc un protocole de gestion de l’émotion que l’on pourrait tenter de mettre en place :

 

  • Identifier ses émotions : il faut essayer de repérer les débuts du frémissement de votre propre « casserole d’eau-chaude interne ». Le yoga, la relaxation, la sophrologie sont de bons outils à cet effet.

 

  • Mettre des mots sur les émotions : dire stop à la conversation, pour ne pas arriver à l’escalade des « soûlards ». N’oubliez pas que si vous êtes « bourrés » par vos émotions (et pourquoi pas, en sus d’alcool) il ne sert à rien d’avoir un échange. Préférez dire à autrui : « je ne peux pas continuer à discuter sinon je risque d’avoir des paroles déplacées ». Les gestes comme la violence physique, n’intervenant que quand on n’a pas pu ou su, mettre des mots sur ses propres émotions. C’est aussi dire à l’autre : « je sens que tu vas te mettre trop en colère, je préfère arrêter la conversation ». Si l’autre pense le contraire et que vous en êtes convaincu, insistez et prenez vos distances.

 

  • Différer la résolution du problème : on ne règle pas un problème « à chaud », mais à froid. Ainsi, on dira : « je te propose d’en parler plus tard, tel jour, telle heure, tel endroit ». Cela rassure la personne qui aura le sentiment d’être reconnue dans ses émotions et pourra plus facilement différer ce qu’elle veut vraiment vous dire. Sinon, elle s’acharnera souhaitant à tout prix être entendue.

 

  • Se donner une deadline: quand on met de « l’eau dans son vin » parce que la retombée des émotions le permet et que « l’eau a alors coulé sous les ponts », on est bien plus facilement accessible à trouver un compromis. Il faut donc définir ensemble une date limite pour résoudre le problème et trouver ce compromis, au risque sinon de voir le problème ressurgir à un moment non choisi.

 

Prenons maintenant le cas, d’une émotion que vous devez gérer seul, n’ayant pas d’interlocuteur avec vous immédiatement :

  • Laissez-la sortir : il faut qu’elle s’évacue, mais pas n’importe comment. Ainsi, si vous pensez vous faire du mal ou à autrui (suicide, automutilation), appelez ou faites appeler les secours (le 15 pour le SAMU) si c’est encore possible. Sinon, pleurez, frappez contre quelque chose de mou : canapé, oreiller, sac de frappes…Bref, vous devez décharger physiquement. Éventuellement, allez crier dans votre voiture, dans un endroit clos.

 

  • Respirez : inspirez et expirez profondément et longuement.

 

  • Faire appel : si vous en avez envie et ce serait le mieux, faites appel à un proche ou à une association d’écoute téléphonique. A La Réunion, l’association SOS Solitude offre une permanence anonyme de 6h00 à 0h00, 7jours/7, au 0262970000. Coût d’un appel local.

 

  • Détendez-vous ou dormez si c’est possible. Aller marcher, permet aussi par un automatisme de trouver un apaisement.

 

  • Pratiquez l’auto-conseil : que vous dirait la personne que vous estimez le plus ? Et parlez-vous avec la voix de cette personne comme si vous étiez votre propre ami.

 

  • Rejouer les expériences passées : la vie est une leçon, il y a peut-être des choses à piocher dans votre expérience personnelle ou chez celle des autres.

 

  • Se faire aider : si c’est difficilement supportable, consulter son médecin traitant pour un médicament de type anxiolytique et envisager l’aide d’un thérapeute.

 

Les émotions ne sont pas nos ennemis, elles ne sont que les témoins de notre humanité. Mais l’humain étant un être de « culture » (civilisé) et non fait que de « nature » (pulsionnel) il se doit pour continuer son chemin parmi les autres de gérer ses émotions, sans les étouffer. Ce n’est qu’à ce prix que le bonheur et la « paix intérieure » finissent par apparaître potentiellement dans la durée.

 

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