De plus en plus de personnes se plaignent de ne pas pouvoir conjuguer « vie personnelle » et vie « professionnelle ».
Si les mœurs ne sont pas aujourd’hui celles qu’elles étaient jusqu’à lors, il est évident que les besoins ne sont plus les mêmes, ni en matière de vie privée ni en matière de vie professionnelle. De plus en plus de personnes affirment ne pas avoir le temps de rencontrer l’âme sœur, ne pas avoir assez de temps pour ses enfants et même tout simplement, de ne pas avoir de temps pour soi… Comme si elles étaient les victimes des autres, du temps qui passe, de la conjoncture. Toutes les circonstances sont ainsi évoquées, évitant à quiconque de se remettre en question.
Pourtant, tout est une question de besoins. Et ces besoins sont créés par nous-mêmes.
Ainsi, il n’est plus question de la « responsabilité sociétale » et l’autodédouanement nous amène à nous considérer comme victime de la société d’aujourd’hui. Nous faisons toutefois nous-mêmes le schéma de notre propre vie, en accordant de l’importance à des événements de vie donnés. De fait, sans pour autant considérer que nous pourrions être les « maîtres » de notre vie, nous ne sommes pas obligés de la subir pour autant.
Même si nous sommes littéralement inspirés de ces mœurs et besoins, nous contribuons en grande partie à la façon dont ils influencent notre existence. Là est donc la question de l’offre et de la demande : ces deux notions sont concomitantes. Nous sommes ainsi les seuls coupables de notre souffrance : nous faisons nos choix en tout état de conscience. Et même « le non-choix » est un choix, comme le rapporte avec douceur cette citation d’Amélie Nothomb : « Le seul mauvais choix est l’absence de choix ».
Si la majorité s’entend à considérer que de plus en plus, compétitivité et consumérisme, sont aujourd’hui les maîtres mots de notre vie, rien ne nous empêche de faire un point rapide sur ces notions. Car prendre du recul s’impose parfois, d’autant les cabinets de « psys », ne désemplissent pas de personnes demandant de l’aide par cette simple formulation : « En ce moment, je suis perdu dans ma vie, j’ai besoin d’un regard neutre et extérieur »…
Voici comment s’extirper de quelque chose paradoxalement créé par nous-mêmes… Nous allons essayer de vous donner quelques éléments de réponse. Prenons un cahier, un petit-crayon de bois et cogitons ensemble, en répondant à ces interrogations, dans l’ordre.
1) Questionnons nos valeurs, nos besoins : « qu’est-ce qui est important pour moi, pour ceux qui m’entourent et que j’aime ? ». Nous ferons ainsi une liste concise des idées, des forces, des mots clefs autour de notre éthique et de notre déontologie, de nos rêves, de nos aspirations. Voici quelques exemples de valeurs : fraternité, entraide, liberté de pensée… Il est important aussi de se questionner sur les besoins : pratiquer un sport, développer ma carrière professionnelle, faire un bébé…
2) Hiérarchisons nos valeurs, nos besoins : il y en a qui nous parlent plus que d’autres.
3) Comment allons-nous y répondre ? Que devons-nous mettre en place pour nous satisfaire ainsi que nos proches ?
4) À quelle vitesse ou quand souhaitons-nous y répondre ? Ma date limite à court, moyen et long terme.
5) Quels sont nos freins, qu’ils soient factuels économiques, temporels, humains, mais aussi quelles sont nos peurs ou nos angoisses ?
6) Serions-nous plus heureux une fois nos besoins ou nos valeurs satisfaits ? Si oui, l’on passe à l’action. Sinon, il est essentiel de passer à autre chose.
7) Passons enfin à l’action, tout simplement ; sans avoir peur de se tromper, d’échouer, car il est bien connu que l’on apprend davantage de ses échecs que de ses réussites.
8) Évaluons : après avoir mis en place nos actions, voyons s’il est possible de maintenir notre changement dans le temps et si le bénéfice escompté est à la hauteur de nos espérances et de celles de nos proches.
9) Adoptons : si la nouvelle action fonctionne, il faut la maintenir, mais seulement jusqu’à ce qu’elle ne nous apporte plus satisfaction !
10) Arrêtons de culpabiliser : nous avons tous le droit au bonheur et de vivre comme nous le souhaitons ; du moment que cela ne crée pas de dommages aux autres. Bien entendu, si notre changement crée un conflit, une souffrance, à nous de réévaluer : avons-nous vraiment besoin de réaliser tel ou tel changement ? Si oui : négocions avec les autres, notre entourage, nos collègues et nous-mêmes.
Ceci étant dit, il faut avoir conscience que souvent le changement est initié par une seule personne : vous. Il faut aussi garder à l’esprit que les personnes qui nous entourent n’y sont pas toujours favorables à ce changement : sur vos habitudes de vie, ils ont calqué les leurs. Ainsi, créer du changement chez soi, bouscule forcément l’autre dans ses habitudes, dans ses envies et même dans ses propres besoins et valeurs !
Conjuguer vie personnelle et professionnelle est une affaire de compromis avant tout, car en tant qu’êtres humains, nous ne pouvons vivre en solitaire éternellement. Il faut alors composer avec l’amoureux, le conjoint et finalement, avec tous ceux qui comptent pour nous.
Si malgré la lecture de cet article, la sensation de se perdre est toujours présente en vous, il peut être intéressant de rencontrer un professionnel qui vous permettrait d’y voir plus clair. Car comme disait Kant : « L’œil ne peut que difficilement se voir lui-même ».
Le temps passe vite, trop vite. Il serait dommage de ne pas réaliser son potentiel de vie, bien que tous les feux ne puissent être au vert au même moment. Nous ne développons que rarement notre vie professionnelle et notre vie personnelle (amoureuse et familiale) en même temps et à la même vitesse. Nous ferons alors du mieux que nous pourrons, mais avec sincérité. Nous accepterons enfin, de ne pas plaire à tout le monde et de ne pas être parfait.