Le leadership, le capital sympathie, la mixité, le plafond de verre, sont peut-être des notions dont vous avez déjà entendu parler. Et si elles sont de plus en plus évoquées pour mettre en avant la capacité des femmes à devenir meilleures dans de nombreux domaines et à briser les clichés, elles sont aussi des notions qui prouvent que les femmes peuvent être sur tous les fronts. Cependant, l’image de la femme émancipée et désireuse de bien faire sur tous les pans de sa vie est malheureusement victime d’un mythe qui a la peau dure : celui de la capacité à tout concilier. Dans les lignes qui vont suivre, La Woman Mag vous explique d’où provient ce mythe et comment en finir avec lui.
Pourquoi le mythe de la capacité à tout concilier est un joli mensonge ?
Si la vie des femmes était il y a longtemps restreinte au plan familial, il faut reconnaître que depuis de nombreuses années, depuis notamment les guerres durant lesquelles les femmes ont prouvé leur capacité à travailler et à prendre la relève en l’absence des hommes, la vie de ces dernières est aujourd’hui étendue et très riche.
De nos jours, les femmes travaillent, gèrent enfants, foyer et soucis personnels avec brio, et continuent de faire leurs projets. Mais avec cette émancipation et cette fabuleuse progression des femmes, une sorte de revers de médaille est née : le mythe de la capacité à tout concilier.
Les femmes ont donc prouvé depuis des décennies leur incroyable capacité à contrôler beaucoup de choses en même temps, et la cause de tout ceci est l’inscription dans les mœurs de ce comportement. De cette façon, le mythe de la capacité à tout concilier est généralement imputé aux femmes, et non aux hommes. En résulte un sentiment de culpabilité lorsque les femmes ne parviennent pas à tout gérer, pour la simple raison qu’il est considéré comme « normal » qu’elle puisse tout gérer.
Dans son livre « En avant-toutes », Sheryl Sandberg donne des éléments concrets qui permettent de se rendre compte à quel point le mythe de la capacité à tout concilier pousse les femmes à aller au-delà de leurs limites, les mettant très souvent à mal sur le plan physique et psychologique. Elle explique notamment que, « en 1975, les mères au foyer réservaient aux enfants (s’occuper d’eux au quotidien et veiller à leur bien-être en leur faisant la lecture ou en jouant avec eux) onze heures en moyenne par semaine, contre six pour les mères qui travaillaient à l’extérieur. Aujourd’hui, les mères au foyer consacrent en moyenne dix-sept heures par semaine à leurs enfants, contre onze pour celles qui travaillent. Cela signifie qu’une salariée passe aujourd’hui autant de temps à s’occuper de ses enfants qu’une mère sans emploi en 1975. »
Les femmes en font donc beaucoup plus qu’avant, mais les exigences envers elles restent toujours plus élevées ! Un véritable cycle sans fin dans lesquelles les femmes sont prisonnières.
Cependant, les femmes ne sont pas surhumaines et peinent parfois à être sur tous les fronts. Pour bon nombre d’entre elles, c’est l’épuisement à la clé, comme le dit encore une fois Sheryl Sandberg dans cet ouvrage, où elle explique que le lendemain de son accouchement, elle gérait déjà sa boîte mail pour le travail, sans savoir qu’elle allait passer les 3 mois de congés maternité à allaiter son bébé, en même temps qu’elle participait à des réunions en Visio pour le travail.
Il y a donc bien une exigence supplémentaire envers les femmes de tout concilier, une pression qui pousse à la culpabilité lorsqu’en effet tout n’est pas géré à la perfection, et une véritable norme qui s’est instaurée depuis des dizaines d’années à vouloir mettre la femme au rang de super-héros, sans pour autant lui offrir la même reconnaissance. Mais comment faire pour se libérer de ce mythe et pourquoi est-ce indispensable ?
Pourquoi vous avez tout à gagner à ne pas le croire…
Les temps ont changé et ils changent perpétuellement. S’il y a 50 ans les femmes étaient majoritairement au foyer et pouvaient se concentrer sur l’éducation des enfants, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et si du côté des hommes il est normal de se concentrer pleinement à sa carrière au détriment du temps passé au foyer, il n’en reste pas moins que les femmes sont bien plus questionnées à ce sujet.
Pour vous libérer de ce mythe et ne pas culpabiliser par l’énergie que vous mettez dans votre carrière professionnelle, gardez en mémoire que la société avance et que les mœurs changent. Il est révolu le temps où l’on voulait les femmes à repriser les chaussettes trouées des enfants sans jamais entrevoir un avenir à l’extérieur du foyer. Vos projets ont de la valeur ! Et mettre toute votre énergie dans ces derniers ne fait pas de vous une mauvaise maman, une mauvaise épouse, ou une mauvaise maîtresse de maison.
Tout réussir est impossible ! Ceux ou celles qui vous diront le contraire ne sont pas très honnêtes. Qui peut se targuer de n’avoir jamais oublié une réunion parents-professeurs, de ne jamais avoir oublié le prénom du meilleur ami de son fils, de ne jamais avoir habillé ses enfants avec les vêtements de la veille parce qu’il avait tout simplement la tête ailleurs ? Qui peut se targuer de donner la meilleure éducation à ses enfants en travaillant et en gérant tous les autres aspects que le foyer génère : les finances, les courses, les vacances, le bien-être de chacun ? Le tout en étant la salariée de l’année et une femme en pleine forme qui peut même se permettre de passer 4 heures par semaine à la gym ? Personne ! Personne n’est capable de tout concilier avec facilité ou tout du moins, sans jamais s’épuiser.
Parce qu’elle est ici la conséquence de vouloir coller à ce mythe : l’épuisement. C’est un vrai cercle vicieux : on veut que tout soit parfait, on donne plus, on s’aperçoit que certains pans de la vie ne sont toujours pas parfaits alors on donne plus, on se rend compte que ça commence à être pas trop mal, alors on donne plus encore, et voici la fatigue qui arrive. Mais pas la simple fatigue physique, non : le burn-out dans toute sa splendeur. Et avec tous les risques que cela comporte : être moins performante au travail, être moins patiente avec les enfants, devenir plus irritable avec son conjoint, pour finir par avoir envie de tout arrêter.
Alors, pour vous préserver, protéger votre santé, qu’elle soit physique ou mentale, pour garder toujours cette énergie et cette motivation dont vous faites preuve au quotidien, et par simple respect pour vous-même, ne cherchez pas la perfection. Tout concilier est un mythe, et il le restera. Et comme tous les mythes, il n’est pas fait pour devenir réalité.
Sources :
Livre « En avant-toutes » par Sheryl Sandberg