Le combat de Saadia Ait Abed pour l’égalité homme – femme
Militante pour la parité et l’égalité de genre, Saadia Ait Abed s’est livrée au jeu des questions-réponses pour La Woman Mag.
Nommée toute nouvelle présidente de l’APEDYS de la Réunion (Association des parents d’enfants dyslexiques), ce sont les membres actifs qui l’ont encouragée à reprendre le poste de l’ancienne présidente démissionnaire pour raison de déménagement en métropole. Elle a accepté la mission afin de continuer à porter le flambeau de la problématique des « dix » et elle œuvre pour que l’association devienne plus visible au niveau scolaire, pour développer des actions et accroitre le nombre des membres.
C’est notamment, au sein de son association l’APEDYS et aussi en tant que directrice et psychologue au Centre d’Information et d’Orientation (CIO) à la Réunion, qu’elle œuvre pour faire évoluer les mœurs pour une meilleure équité. Elle ambitionne que la femme ne soit plus coincée dans sa condition de mère, mais que les rôles soient partagés entre hommes et femmes. Elle-même, mère de famille de deux garçons (18 et 20 ans), elle aborde ce sujet, constant dans toutes les sphères de la société, avec beaucoup de gravité. Elle confie que dans son équipe au CIO « ce sont très souvent les femmes qui demandent un arrêt pour un enfant malade ou qui sollicitent un temps partiel, alors que les hommes auraient la possibilité d’endosser ces arrêts…, la femme ne va pas au bout des choses, car elle reste enfermée dans son statut ». Toutefois, elle s’oppose à toutes radicalités prônées par certains mouvements féministes. Élevée par un homme, elle est aujourd’hui insupportée et même gênée par la diabolisation qui pèse sur l’homme par ces mouvements.
Psychologue de l’Éducation nationale, elle est amenée à côtoyer des jeunes et elle s’interroge sur le sort réservé aux garçons. Elle constate : « au point de vue scolaire, ils ne vont pas bien ». Pour Saadia, dans les problématiques sexistes, les garçons ne sont pas accompagnés comme le sont les filles sur leur émancipation. En tant que mère, elle confie qu’elle craint pour ses deux garçons dans cette société où hommes et femmes s’opposent.
À l’exemple d’Albert Camus, inspirant pour Saadia, elle indique que « cet auteur qu’on revisite et qu’on reconsidère aujourd’hui défend des idées idéologiques de révoltés plutôt que de révolutionnaires ». Elle se retrouve dans ses idées militantes pour l’égalité. Comme Camus, son combat sur la parité n’est donc pas de vouloir confronter les hommes et les femmes, mais de trouver une conciliation et un juste milieu. D’autres personnalités l’ont marqué telles que M. et Mme Badinter, qu’elle loue pour leurs idées mises en action. Elle s’inscrit ainsi dans la maxime de Bergson: « agir en homme de pensée et penser en homme d’action ». Prêchant que « la pensée unique n’est pas porteuse », bien d’autres l’ont inspirée dans son combat comme Simone Veil, Giselle Halimi, ou encore Mendes-France.
Enfin, Saadia, sensible à la cause des femmes depuis « toute sa vie » leur conseille vivement : « Ne vous enfermez pas dans votre rôle de mère ou de future mère. Partagez les rôles, mais écoutez votre conjoint. Il ne faut pas être en opposition contre l’homme ; ce n’est pas le bon moyen ». Elle ajoute : « Il faut savoir s’écouter et penser à soi ; pas seulement aux autres ». Saadia allègue une belle leçon de vie aux femmes tant au plan familial qu’au plan professionnel.
Si au XIXe siècle, une morale conservatrice, a bâillonné les femmes, aux XXe et XXIe siècles, des personnalités, mais aussi des anonymes comme Saadia Ait Abed, œuvrent pour faire changer les mœurs. Résolues, elles montrent aux Françaises qu’elles sont aussi capables professionnellement que la gent masculine, ouvrant la voie à toutes celles qui souhaitent entrer dans une vie sociétale épanouissante.
