Samantha Nahama est à la tête de Canal+ Réunion/Mayotte et elle a accepté de partager son expérience personnelle et ses combats lors d’une interview donnée à La Woman Mag.
Durant près de deux ans, Samantha travaille au pôle Outremer à Paris, à la direction des opérations techniques et informatiques. Toutefois, le management d’équipe lui manquait ; une compétence qui lui est naturelle et qui contribue à son équilibre pour un épanouissement professionnel et personnel. Ambitieuse, au bon sens du terme, elle a besoin de prendre des responsabilités. Elle l’explique ainsi : « L’ambition a malheureusement une connotation négative au féminin. Mais pour moi, l’ambition, ce n’est pas être prête à tout pour y arriver ; dans ma perception des choses, c’est vouloir aller plus loin, prendre plus de responsabilités, avoir plus d’impact et dépasser ses propres limites ». C’est donc tout naturellement que Samantha postule au poste de directrice générale de Canal+ Réunion.
Maman d’une fillette de 10 ans, elle a dû, avec son conjoint, faire face à des choix familiaux. Son travail est très consommateur de temps et nécessite beaucoup d’engagements. Son compagnon assure la majeure partie de l’organisation et de la charge familiale. Sur ce sujet, Samantha s’exprime ainsi « notre fille n’a pas fait ces choix elle-même, elle les vit à nos côtés, mais nous les lui expliquons, ainsi que l’importance que peut avoir le travail pour chacun de nous deux. Si je fais les choses à 200 %, mes temps avec ma famille restent de qualité, même si mes engagements professionnels débordent sur mon agenda personnel. Je suis déculpabilisée en tant que maman ; nous élevons notre fille sans déléguer. Nous sommes dans une configuration encore trop rare, et qui heureusement se développe et je suis sereine, car ces choix nous conviennent ».
Au point de vue de son entreprise, elle est fière de revendiquer la parité. Canal+ Réunion, entreprise à taille humaine, compte 55% de femmes, et 43% au comité de direction. Malgré tout, elle doit parfois devoir s’imposer en tant que femme dirigeante. Elle confie à La Woman Mag : « Je dois m’affirmer plus qu’un homme pourrait le faire. Je dois mettre beaucoup d’énergie pour faire valoir des projets, des idées et parfois rappeler que je suis décisionnaire ». Elle évoque une situation dans laquelle elle a dû répondre à une assemblée avec cette injonction : « C’est comme ça et pas autrement ; c’est moi qui décide… ». Restant confiante en l’avenir, elle porte un regard plutôt averti sur la société en déclarant : « Les stéréotypes de genre sont ancrés dans notre mode d’éducation, tant dans nos foyers que dans le système scolaire. Les garçons et les filles ne sont généralement pas élevés de la même façon, cela conditionne les tempéraments des uns et des unes et des autres à l’âge adulte. La gent masculine a été élevée en lui répétant que tu seras fort et tu vas y aller, tu vas jouer au foot, etc. Alors que les petites filles sont élevées pour qu’elles prennent soin des autres, elles passent au second plan. Dès le plus jeune âge, l’occupation des espaces d’une cour d’école est révélatrice des différences, les filles s’installent sur les côtés, car le milieu est réservé aux garçons qui jouent aux sports collectifs entre eux. Il nous faut déconstruire ces stéréotypes et lutter contre ce qui deviendra, à l’âge adulte, le syndrome de l’imposteur, rencontré plutôt chez les femmes que chez les hommes. Aujourd’hui, la société évolue dans le bon sens. L’égalité n’est pas un combat féministe, et beaucoup d’hommes sont les alliés des femmes. Cette évolution, il faut la porter ensemble, avec les femmes et les hommes engagés.».
Samantha souligne le choix d’un de ses appels à projet titré « S’engager pour l’avenir » en 2022, avec pour thème : le bonheur est dans l’après. Ce projet a pour but de primer les contenus/courts-métrages à impact positif, ceux mettant en avant une meilleure représentation des femmes, de la diversité, devant et derrière la caméra, tout en étant écoproduits. Des formations sont proposées à la filière audiovisuelle afin de sensibiliser à ces sujets. Pour mieux comprendre le concept, Samantha donne un exemple : « lors d’un échange avec un réalisateur avec lequel nous travaillons, ce dernier nous a indiqué qu’après avoir assisté à nos masterclass, il s’était questionné sur le genre du rôle principal de l’un de ses films. Il a par la suite ouvert le casting aux petites filles. C’est une belle avancée pour nous, cela veut dire que nos actions ont un impact. En même temps, nous essayons de déconstruire les stéréotypes liés aux métiers « genrés » qui consistent à penser qu’à l’ingénierie du son, on y verrait plutôt un homme et au maquillage plutôt une femme ».
Samantha termine l’interview en faisant passer un message aux lecteurs de La Woman Mag : « Il faut faire le maximum pour atteindre ses objectifs personnels et faire tomber les barrières internes qui peuvent se dresser sur notre chemin ».
Venez partager votre parcours sur le groupe des Femmes Ambitieuses de la Réunion et de l’Océan Indien et dites-nous ce que vous pensez de l’interview de Samantha Nahama sur la communauté.