Suite à la mutation professionnelle de son compagnon enseignant, Fabienne Rubira, originaire de la métropole, vit à la Réunion depuis maintenant 21 ans. Elle s’est adaptée très facilement à la vie sur l’île et y travaille avec beaucoup de plaisir et d’ardeur.
Elle retrace, dans un entretien pour la Woman Mag, son parcours de directrice au sein de l’association CHANCEGAL, mais aussi en tant que femme, notamment militante pour l’égalité des sexes.
À peine installée sur l’île, que déjà, elle est contactée par la Direction Régionale à l’égalité des droits hommes – femmes de la Réunion. Enthousiasmée par la proposition de poste à l’agence pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, elle s’inscrit à une formation pour se perfectionner. Un premier obstacle se dresse alors devant elle. Enceinte de 8 mois passés, elle est refusée, car elle ne peut pas participer aux activités physiques comme la tyrolienne. Elle s’insurge contre ce refus et met en avant les valeurs prônées par l’association en leur répondant : « pour l’égalité hommes – femmes ça commence très mal en termes de discrimination ». Son discours est entendu ; elle suit cette formation et en 2001, elle commence à diriger l’association. Mais très vite, elle doit surmonter un autre obstacle et cette fois d’ordre financier. Elle explique : « l’utilisation des fonds européens est très complexe et les ressources financières sont très fluctuantes ». Elle commence alors à avoir des doutes concernant la pérennisation de l’association. Toutefois, « La combativité est la clef pour avancer et y arriver », déclare-t-elle. Si bien qu’aujourd’hui, elle a réussi à construire un programme et elle partage ses convictions sur l’égalité hommes –femmes dans toutes les sphères de la société et plus particulièrement auprès des plus jeunes dans les établissements scolaires.
Ses batailles pour arriver à faire naître et à faire perdurer son association lui permettent de conseiller les femmes dans leurs projets tant personnels que professionnels. Elle livre ici ses conseils aussi bienveillants que percutants pour les auditrices et les lectrices de La Woman Mag : « il faut que les femmes analysent leur projet pour être attentives à ne rien s’interdire et à penser à toutes les possibilités qui existent ». Elle poursuit en regrettant que « la majorité des femmes se lancent dans des petites entreprises, voire des autoentreprises, liées aux métiers dits pour les femmes comme les soins, les aides, les soutiens ». Elle ajoute « il faut élargir ses projets, il ne faut pas penser que les femmes n’ont pas de compétence, car elles se sous-estiment très souvent ; alors qu’elles ont plus de compétences qu’elles le pensent. Rien n’est spécifique aux hommes ou aux femmes. Elles doivent tout simplement se former et OSER ! ». Puis, elle s’irrite contre la notion véhiculée sur la complémentarité hommes – femmes. Elle pense : « c’est un frein à l’égalité, car tous ont les mêmes capacités ; il n’y a pas de compétences spécifiques féminines ou masculines. Personne n’a besoin de quelqu’un d’autre pour avancer ; on peut le faire individuellement ». Elle confie qu’elle-même, en couple, n’a eu aucun souci pour mener et articuler sa propre carrière professionnelle et sa vie personnelle.
Fabienne Rubira est dans la vie un exemple de combativité et de tolérance. Elle met en avant les idées de Gandhi ou de Mandela, qui dit-elle « ont fait bouger les choses sans utiliser la violence ». Les idéologies de ces deux grands hommes caractérisent bien Fabienne qui se définit comme une personne « aimant tous les gens sans exception ». Elle revendique également les pensées de Victor Hugo et de Condorcet le premier féministe selon elle. Elle ambitionne que « le féminisme a besoin encore d’être soutenu par tous et par toutes pour que l’égalité soit une réalité ».