Lors d’une conférence organisée par Beelab, un incubateur dédié à l’entrepreneuriat féminin en Réunion, Nathalie Riond, la Directrice Académique du prestigieux programme HEC Stand Up, a dévoilé des insights précieux pour éclairer la voie des femmes entrepreneures. Beelab, qui a pour mission d’accompagner les femmes réunionnaises dans leur démarche de création, reprise et développement d’activité, a offert une espace pour que Nathalie Riond partage son expertise sur comment démanteler les mythes persistants autour de l’entrepreneuriat au féminin. Dans cet article, nous allons détailler ces mythes et fournir une perspective plus nuancée, qui vise à outiller nos lectrices pour un parcours entrepreneurial plus informé et réussi.
Mythe 1 : L’entrepreneuriat, une vocation innée ? Pas nécessairement
Ce mythe véhicule l’idée que seul un cercle restreint, doté d’un « gène entrepreneurial », serait prédestiné à l’entrepreneuriat. Nathalie Riond contredit cette conception. Elle affirme que si tout le monde n’est pas nécessairement taillé pour devenir entrepreneur, chacun peut néanmoins développer une mentalité entrepreneuriale. Cela englobe des qualités telles que l’autonomie, la prise d’initiative, ou encore la capacité à évaluer et assumer les risques. Autrement dit, bien que l’entrepreneuriat en tant que tel ne soit pas une voie pour tous, la mentalité entrepreneuriale est une compétence précieuse qui peut être enrichissante dans de nombreux domaines de la vie.
Mythe 2 : L’entrepreneuriat, synonyme de liberté totale ?
L’image du « patron en vacances permanentes » renforce l’idée que l’entrepreneuriat rime avec une liberté absolue. Nathalie remet en question cette vision. Elle souligne que même en l’absence d’un supérieur hiérarchique, un entrepreneur doit répondre aux attentes de ses clients, collaborer avec ses fournisseurs et manager son équipe. La liberté tant convoitée s’accompagne d’une grande responsabilité et souvent d’un investissement en temps et en efforts bien plus conséquent.
Mythe 3 : L’Entrepreneuriat est-il genré ?
L’idée que l’entrepreneuriat serait une affaire d’hommes ou présenterait des différences fondamentales en fonction du genre est un mythe persistant. Nathalie Riond nous rappelle qu’il est crucial de comprendre que l’entrepreneuriat est universel et ne se cantonne pas à une question de genre. Toutefois, il est indéniable que les entrepreneures font face à des défis spécifiques dans le monde des affaires. Les statistiques montrent qu’elles ont plus de mal à obtenir des financements et sont souvent sous pression pour prouver davantage leur compétence et leur engagement.
La première marche vers l’égalité dans ce domaine est d’instaurer et de renforcer la confiance en soi. La confiance joue un rôle clé dans la capacité d’une femme à naviguer dans un environnement qui peut parfois être biaisé contre elles. Nathalie ajoute également que certaines femmes peuvent hésiter à afficher pleinement leurs compétences et leurs réussites, par peur de déstabiliser les dynamiques existantes ou d’être perçues comme trop ambitieuses. Pourtant, il est essentiel pour chaque femme entrepreneure de reconnaître et de célébrer ses succès, car cela non seulement renforce sa propre confiance, mais inspire également d’autres femmes à poursuivre leurs rêves entrepreneuriaux.
Mythe 4 : Une idée brillante est-elle le gage d’un business florissant ?
La route de l’entrepreneuriat est souvent parsemée d’idées prometteuses, mais toutes ne mènent pas nécessairement à un succès commercial retentissant. L’enthousiasme de votre entourage face à votre idée peut être un soutien moral précieux, mais il ne doit pas être le seul baromètre de la viabilité de votre projet. Nathalie insiste sur l’importance de dépasser ces premières réactions, souvent teintées de bienveillance, pour chercher des preuves d’engagement tangible.
Mythe 5 : L’entrepreneuriat nécessite impérativement un Business Plan et un capital de départ
Il est courant de penser que le démarrage d’une entreprise commence par un business plan détaillé et une importante somme d’argent. Mais avant de s’engager dans ces étapes, la validation de l’idée en situation réelle est primordiale. Nathalie évoque l’histoire d’une femme souhaitant ouvrir un restaurant. Avant de plonger tête la première, elle a choisi de tester son concept au sein d’établissements existants. Ce faisant, elle a découvert que cette voie ne lui convenait finalement pas. Cette expérience souligne l’importance de la mise à l’épreuve d’une idée avant de s’engager financièrement ou d’élaborer un plan d’affaires.
Mythe 6 : Tout échec est une marche vers le succès
Il est fréquent d’entendre que chaque échec est une étape nécessaire vers le succès, suggérant qu’il est toujours bénéfique. Bien qu’il soit vrai que de nombreux échecs peuvent apporter des enseignements précieux et contribuer à l’évolution personnelle et professionnelle, il est crucial de nuancer cette vision.
Nathalie souligne que la sagesse réside souvent dans la capacité à évaluer objectivement une situation et à déterminer si l’échec est le résultat de circonstances extérieures ou d’une idée fondamentalement défectueuse. Si c’est ce dernier cas, il peut être plus judicieux de laisser tomber cette idée plutôt que d’y investir davantage de temps, d’énergie et de ressources.
Mythe 7 : La maîtrise des chiffres n’est pas essentielle
Une idée reçue courante est que les entrepreneurs peuvent réussir sans véritablement comprendre ou maîtriser les aspects financiers de leur activité. Pourtant, ignorer cette dimension peut s’avérer être un handicap majeur. Nathalie souligne combien il est vital pour tout entrepreneur d’avoir une certaine familiarité avec les chiffres. Cette compétence ne se réduit pas simplement à la gestion comptable ou financière : elle permet également de définir avec précision des objectifs personnels et professionnels, d’ajuster les stratégies en fonction des résultats obtenus et d’évaluer les risques et opportunités qui se présentent.
En approfondissant, on réalise que l’aisance avec les chiffres va au-delà de la simple capacité à faire des calculs. Elle englobe la capacité à interpréter des données, à faire des projections, à évaluer la rentabilité d’un investissement ou encore à comprendre le seuil de rentabilité d’un projet. Cette maîtrise permet à l’entrepreneur de prendre des décisions éclairées, de négocier avec des investisseurs ou des partenaires financiers, et de garantir la viabilité à long terme de son entreprise.
L’entrepreneuriat n’est pas une promenade de santé; c’est un parcours jalonné de défis demandant résilience, perspicacité et un désir inébranlable d’apprentissage constant. En démystifiant ces idées reçues, Nathalie Riond fournit aux femmes les clés pour mieux appréhender cet univers et entreprendre avec davantage d’assurance et de lucidité. Car l’émancipation implique aussi de briser les préjugés qui nous freinent.